Jardin d'essais de Tunis
Contexte historique :
Le jardin d’essais et d’acclimatation de Tunis fut créé en 1891 sur proposition de Paul Bourde, alors directeur des contrôles civils et de l’agriculture, après l’établissement du Protectorat français sur la Tunisie en 1881. L'objectif du Jardin d'essais était de réunir des collections végétales et de procéder à des essais d'acclimatation d'espèces provenant de flores étrangères, susceptibles de diversifier la gamme des arbres et arbustes utiles pour toutes les activités agricoles et horticoles en Tunisie. Le jardin d'essais de Tunis va être le premier élément de l'organisation des services agricoles de la Tunisie.
Le jardin d’essais de Tunis va cristalliser autour de lui tous les éléments nécessaires à la mise en place d'une infrastructure de recherche agronomique qui aboutira, en 1913, à la création d'un service botanique comprenant une station expérimentale, résultat de la disparition du jardin d'essais.
Le jardin, après avoir été associé aux essais culturaux de la station expérimentale de l'école d'agriculture créée en 1908, fusionne avec l'école et devient, en 1913, le service botanique de Tunisie. Ce service botanique peut être considéré comme une véritable station expérimentale, spécialisée principalement dans l'étude des céréales. Outre des essais en vraie grandeur, le service conduit des travaux de sélection généalogique et crée des variétés nouvelles par hybridation de souches pures.
De ce fait, le Jardin d'Essai a cessé d'exister afin d’être remplacé la même année par un "Parc de Collections", aujourd’hui dénommé l'Arboretum, sur un terrain de 8 hectares juste à côté du Service Botanique de Tunisie.
Annexé dès sa création au Service Botanique de Tunisie, ce parc a servi ultérieurement (1923-1930) de lieu de réalisation de plantations et de reconstitution des collections du Jardin d'Essai. On appelait à l'époque "Jardin Botanique" l'ensemble du "Parc de Collections" et le jardin du Service Botanique de Tunisie. En 1932, le SBT devient le Service Botanique et Agronomique de Tunisie et en 1961 l’Institut National de Recherche Agronomique de Tunis.
Aspect topographique :
20 hectares d’un terrain se situant dans la plaine de l'Ariana (à côté des ruines des "Bassins d'Abou Fehr") près de Tunis.
Approche botanique :
Parmi les cultures du jardin d’essais et d’acclimatation de Tunis, on peut distinguer quatre sections : les pépinières-vergers ; les potagers ; les multiplications-serres ; et les collections-ornementations. Pour cette dernière on trouvait des espèces rares issues des grandes familles de Graminées, d’haemodoracées, de Liliacées, de musacées, de palmiers, de conifères, de légumineuses, de papilionacées, de césalpiniées, de mimosées, d’acéracées, d’ampélidacées, de cactées, d’anacardiacées, de bixinées, de cucurbitacées, de myrtacées, de passifloracées, de portulacacées, de phamnées, de rosacées, de sapindacées, de sterculiacées, de tamaricacées, d’acanthacées, d’apocynées, d’asclépiades, de bignoniacées, de caprifoliacées, d’ébénacées, de casuarinacées, de chénopodées, d’euphorbiacées, de gesnériacées, de juglandées, de salicinées, de sapotacées, et enfin d’urticacées.
Ces espèces sont issues de dons et d’échange avec le Muséum d’histoire naturelle et le jardin colonial de Nogent-sur-Marne, ainsi que de l’achat d’une partie de la collection de monsieur Bedinghaus de Gand en Belgique.
D’autre part, l’une des tâches du jardin était la création d’un verger de 3 hectares dans lesquels furent réunis, aux fins d’observation, les variétés d’arbres fruitiers reconnues les meilleurs. Le catalogue des collections du jardin d’essais de Tunis, publié en 1910 mentionnait : 19 variété d’abricotiers ; 10 d’amandiers ; 7 de brugnons ; 12 de figuiers du midi de la France ; 44 figuiers de Tunisie ; 36 d’oliviers de Tunisie ; 13 d’oliviers de France ; 6 d’oliviers d’Algérie ; 4 d’oliviers d’Espagne ; 24 d’oliviers d’Italie ; 17 variétés de pêchers ; 59 de poiriers ; 52 de pommiers ; 43 de pruniers, dont 6 variétés japonaises.
L’orangerie localisait les variétés connues en Tunisie : Mandariniers, orangers, pamplemoussiers ; plus un certains de variétés d’aurantiacées venues de Floride.
Sources bibliographiques :
GUILLOCHON M. L., Sur les Collections botaniques du Jardin d'essais de Tunis, Bulletin de la Société Botanique de France, 1909, 56:9, LXXIV-LXXXII
GUILLOCHON M. L., "La Culture fruitière en Tunisie. Situation antérieure. Situation actuelle", Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 1939, Volume 19, n°212, pp. 271-277