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Contexte historique :

 

 

En 1912, le Général Lyautey déplace la capitale du Maroc de Fès à Rabat. La ville entame alors un processus de changement radical, la construction d’une « nouvelle Rabat », une ville moderne, répondant aux idéaux hygiénistes de l’époque. Dans les plans d’Henri Prost, les jardins sont une part essentielle de la trame urbaine, ils sont pensés comme des éléments indispensables, ils gagent de la salubrité et de la beauté de la ville. C’est dans ce contexte qu’en 1914, Jean Claude Nicolas Forestier créé le jardin d’essais de Rabat. Forestier aménage lui-même le jardin d’Essais de 1919 à 1922. Il est situé sur l’ancien emplacement de l’Agdal du palais royal, qui était un terrain planté de vergers.

 

Conçu pour adapter, à une forme moderne, les qualités et les caractéristiques du jardin traditionnel islamique, il est structuré en terrasses, le long de la pente du terrain, ce qui facilite l’irrigation. Comme son nom l’indique, le jardin d’Essais était un jardin d’acclimatation. Les allées et les contre-allées, perpendiculaires, de même que les parterres constituaient une mise en scène d’un jardin classique à la française.

 

Une partie du jardin n’était pas accessible au public car elle servait de pépinière pour le reste des plantations de la ville. Ainsi le jardin d’Essais remplissait plusieurs rôles. À l’échelle du quartier, il aérait le tissu urbain, l’embellissait et contribuait à sa salubrité ; à l’échelle des habitants, il procurait un lieu de divertissement instructif et moralement sain ; et à l’échelle de la ville, voire du pays, il était pour les administrateurs du Protectorat une preuve du génie botanique et scientifique des Français et participait ainsi à l’opération de prestige de la création de la ville coloniale. Au cours des années 1980, le jardin d’Essais s’est dégradé.

 

Le ministère de l’Agriculture, dont dépend son entretien fait exécuter des travaux dans la seule partie non accessible au public. La partie accessible au public est à cette époque plutôt délaissée par les usagers. Il n’est pas menacé, il n’est pas fréquenté, tout pousse donc au statut quo. Malgré tout, le jardin survit. Situé dans un quartier plutôt excentré, moderne, relativement éloigné de la médina et du littoral, il est absent des circuits touristiques.

 

Mais cette situation ne dure pas. En 1991, le Crédit Agricole projette de construire son siège social marocain sur le jardin. Bien situé dans un quartier moderne et plutôt bien réputé, le terrain du jardin d’Essais présente de nombreux avantages pour l’installation d’un tel bâtiment. Face à ce projet, une association de défense du jardin d’Essais se crée. Elle est constituée d’habitants du quartier, de professeurs d’universités, de journalistes, d’urbanistes, d’amoureux de la mémoire de Rabat dont la préoccupation est désormais de le faire échouer. Afin de contrer les spéculations immobilières, la solution est l’inscription du jardin sur la liste du Patrimoine national. L’association obtient gain de cause, notamment appuyée par des chercheurs de l’Institut Nationale de recherche agronomique (INRA) qui montent le dossier de proposition d’inscription du jardin d’Essais et prennent l’affaire en main.

 

Le jardin d’Essais est inscrit sur la liste du patrimoine national le 6 mars 1992. En contrepartie, l’INRA s’engage à entreprendre des travaux soumis à l’inspection de l’administration des monuments historiques en vue d’un programme scientifique de jardin botanique. Il doit donc occuper le terrain, l’habiter. Le jardin a été sauvé en devenant un patrimoine culturel.

 

 

Aspect topographique :

 

 

Se développant sur une superficie de 17 hectares, le jardin d’essais de Rabat est situé sur une pente qui escalade une colline par larges gradins superposés. Cette disposition en terrasse offre une vue sur la mer.

 

 

Approche botanique :

 

 

Le jardin d’essais de Rabat fut le théâtre de nombreuses expériences d’introduction et d’acclimatation de végétaux rares : Plantes ornementales et arbres fruitiers en tête. Le jardin est pensé comme une œuvre de grande symétrie, les allées forment de longs axes, et sont délimitées par des parterres d’arbustes et agrémentées de bassins judicieusement implantés. Furent préalablement plantés des arbres à feuillage, des cactées ou des lianes, qui côtoient dorénavant des plantes introduites plus tardivement comme les grenadiers. La partie inférieure du jardin, était autrefois réservée à l’acclimatation des plantes, on y trouvait donc une serre et trois ombrières. Il regroupait, à son apogée, plus de 250 arbres fruitiers et ornementaux en provenance du monde entier.

 

 

Sources bibliographiques :

 

 

MOULINE, Saïd (Dir.) ; Rabat, jardins d’antan, 2003, Rabat, Direction de l’Architecture, 2003, 127 p.

 

GILLOT, Gaëlle. La nature urbaine patrimonialisée : perception et usage. Les cas de deux jardins marocains In : Habiter le patrimoine : Enjeux, approches, vécu [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2005 (généré le 19 janvier 2016). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/2231>.

Jardin d'essais botaniques de l'Agdal

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